Barre-toi de Roumanie, Prince Charles ! Ou une leçon sur la réalité de l’Empire britannique 

Alexandra Bellea, Publié sur le site belge “Agora Erasmus” en 2015

alexandra.bellea(at)gmail.com

« La chance ne sourit qu’aux esprits éclairés », disait Pasteur. La Roumanie est un pays qui a eu peu de chance : elle a vécu presque toute son histoire sous l’occupation des Empires. Le moment est venu où elle doit accepter d’avoir un futur. C’est pour cela que nous disons aujourd’hui non à la monarchie et non à l’Empire britannique !

Pour un citoyen français, bercé par cette paisible République, la bataille contre la monarchie doit soulever peu d’intérêt. La monarchie est quelque chose de révolu, pense-t-il, et d’ailleurs, notre démocratie est si exemplaire, solide et débordante, que nous l’avons amenée jusqu’en Lybie. Et maintenant nous l’exportons avec la force en Syrie !

La réalité est malheureusement moins brillante pour sa sœur déshéritée, la Roumanie. Depuis quelques mois, l’Europe de l’Est est le théâtre d’une subtile opération britannique, visant à mettre fin aux régimes républicains et à réinstaurer la royauté. Les techniques ne sont pas nouvelles : la rumeur et le complot médiatique. Le 23 octobre, le journal britannique The Daily Mail lance une rumeur selon laquelle la presse d’Europe centrale parlerait de l’accession du prince Charles d’Angleterre au trône de Roumanie… Comme prévu, la rumeur anglaise est relayée dès le lendemain par la presse d ’Europe centrale, dont plusieurs journaux titrent « Charles de Roumanie ».

A toute cette mise en scène s’ajoute un reportage en quatre épisodes, produit par le président du britannique European Nature Trust et diffusé le 30 novembre sur la chaîne Travel, série qui plaide pour la sauvegarde des forêts sauvages roumaines. La star en est le prince Charles, qui y est interviewé et exprime son amour pour la Transylvanie. Avec un humour plutôt douteux, il affirme : « La généalogie montre que je suis un descendant de Vlad l’Empaleur ; j’ai donc un atout (stake en anglais) dans ce pays. » C’est un jeu de mots : en effet, « stake » signifie non seulement « atout », mais aussi « pieu ».

Cette opération médiatique va de concert avec les célébrations du 90e anniversaire de l’ex-roi de Roumanie Michel 1er, le 25 octobre 2011, au parlement de Bucarest. A cette occasion, celui-ci offrit un grand dîner où se côtoyaient têtes couronnées européennes et diplomates internationaux. On peut se demander quel fut le principal sujet de discussion lors de ce dîner. Les maisons royales de Roumanie et d’Angleterre sont très proches et partagent leur sympathie pour la City.

Quelques mois auparavant, le prince Charles s’était rendu en Roumanie, où il fut très bien accueilli et médiatisé. Son acquisition d’une propriété de vacances et de différents domaines, ainsi que ses déclarations de filiation à la famille royale roumaine ont fait la une des médias. 

Résultat : l’opinion publique roumaine, déboussolée par le brouillard de la crise et la propagande, est conquise (la BBC vient d’acheter cet automne une des principales chaînes de télévision). Des voix vont jusqu’à proposer un référendum pour décider si l’on doit ou non changer de régime, et de faux sondages donnent gain de cause à la monarchie.

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Crédit : Reuters, wikipedia

Lors de sa visite en Roumanie, le prince Charles n’a pas caché ses visées sur le trône roumain. « La généalogie démontre que je descends de Vlad l’Empaleur » (1431-1476, en médaillon), a-t-il assuré.

L’antécédent

Instaurer en Europe de l’Est des rois étrangers au pays n’est pas une nouveauté. Par exemple, en 1866, ceux qui veillent à la pérennité de l’Ancien Régime en Europe mettent en place en Roumanie l’allemand Charles I de Hohenzollern, apparenté à la couronne britannique. La même opération a lieu en Bulgarie, où l’on intronise Ferdinand I, un roi allemand célèbre pour son tourisme bisexuel sur l’île de Capri et lui aussi apparenté à la couronne britannique. La Grèce connaît une histoire semblable. Cependant, les Roumains gardent un bon souvenir de leur premier roi, qui leur donna l’indépendance à l’égard de l’Empire ottoman et mena une politique interne de développement.

Pourtant, ce qu’ils ne voient pas, c’est le dessein géostratégique de l’Empire britannique. Sa stratégie est, depuis 1848, le contrôle et l’infiltration des mouvements républicains de libération en Europe de l’Est afin d’empêcher l’apparition d’un vrai réseau de nations qui mettrait en danger les privilèges commerciaux de l’Empire. C’est pour cela que les Britanniques ont manœuvré à l’Ouest pour soumettre à leurs volontés la France, à travers l’Entente cordiale et d’autres traités, et l’Allemagne, par l’élimination de Bismarck. Les pays balkaniques seront entraînés dans des guerres régionales et l’instabilité ainsi créée servira à déclencher la Première Guerre mondiale, mettant fin à l’essor industriel.

Fuyez le prince Charles, c’est le vrai Dracula !

Il est facile de parler à un Iranien ou à un Syrien de l’Empire britannique, il sait que le pouvoir colonial est aujourd’hui toujours à l’œuvre. En parler à un Européen est moins évident. Souvent l’idée d’empire est édulcorée, étant conçu uniquement comme la prédominance d’une idéologie, celle du libéralisme par exemple. Notre image de l’empire est trop inodore cependant : nos pieds subissent les chaussures parisiennes trop fines et pointues ! En réalité, un empire est une chose fort peu délicate !

Par exemple, depuis quarante ans déjà, l’empire déploie des méthodes très brutales pour dépeupler le monde, comme le sous-développement forcé des pays africains, les famines et les guerres. Si nous prenons l’exemple de la Roumanie, nous pouvons voir qu’avant comme après la chute du Mur, elle a été la proie d’une politique antihumaine organisée par le FMI, similaire à celle utilisée pour achever l’Afrique. Depuis la chute du Mur, quelle est la politique de l’Europe et des experts made in England vis-à-vis des populations de l’Est ? Quel est, pour un pays, l’effet de la destruction de son industrie, de son agriculture et de ses hôpitaux ? Expliquer tout cela par la crise financière nous cantonnerait dans l’impuissance des partis de gauche trop politiquement corrects. Il faut appeler les choses par leur nom : ces politiques sont le reflet de la volonté d’une oligarchie britannique déterminée à réduire la population mondiale de 7 à 1 milliard d’individus !

Tout ceci n’a rien de théorique. Sur le site du Buckingham Palace, le prince Charles déplore le développement de la Roumanie et s’engage à l’empêcher, lui qui déclare lors d’une autre occasion adorer la Roumanie : « J’aime l’éternité de la Roumanie. C’est une chose remarquable. C’est comme dans les histoires pour enfants. Les gens d’ici veulent garder ce sentiment d’appartenir à leur sol. Nous devons redécouvrir ces sentiments, y revenir, et je veux m’assurer que leur mode de vie demeure inchangé. » 

Il faut être clair, quand il dit qu’il aime la Roumanie, il ne pense guère aux êtres humains qui peuplent ce pays, mais à l’or, au gaz, au pétrole, au bois et à la terre, richesses naturelles qu’il veut bien mettre sous sa protection !

Depuis 2000, le prince consort fait de grands efforts pour la Roumanie. Il joue au polo pour lever des fonds pour la fondation Mihai Eminescu, dont le but est de mettre sous cloche autant de terres et de villages que possible en Roumanie, sous prétexte de protéger les traditions ancestrales. Démarche faite en partenariat avec les écologistes de WWF, ONG fondée par son père et le prince Bernhard des Pays-Bas, ancien SS.

Pourquoi le Prince adore-t-il les paysages, les traditions et les gens moyenâgeux ? Aimerait-il peut-être aussi un retour aux institutions moyenâgeuses ? Car Monsieur le Prince a bien l’air de perpétuer la culture et les privilèges de sa caste, celle de l’oligarchie britannique, nostalgique de l’Empire romain. En effet, le prince a commencé à s’acheter en Roumanie des domaines avec des paysans qui font du jus de pomme bio, « à l’ancienne », qu’il commercialise lui-même. 

Mais les Français ne doivent pas se leurrer, la noblesse britannique n’a pas une dent seulement contre les Roumains ; elle est profondément misanthrope. Avec leur réseau de châteaux et d’ONG, ce sont d’infatigables militants à plein temps pour une cause commune : réduire la population mondiale et récupérer leurs privilèges. Le prince Philip d’Edimbourg l’a dit en 1988 : « Si j’étais réincarné, j’aimerais revenir en tant que virus mortel, pour aider à résoudre le problème de la surpopulation. »


La monarchie, c’est la mort !

Si nous regardons les formes d’organisation de l’humanité à travers les siècles, nous remarquerons l’existence assez brève des républiques par rapport à la royauté. Pourtant, si nous regardons l’histoire sous un autre angle, celui du progrès, nous verrons que la république l’emporte de loin sur la monarchie. En effet, l’humanité organisée sous forme de république gagne une puissance de transformation et de progrès nettement supérieure à celle de la monarchie. Cela, grâce au principe révolutionnaire que la Renaissance florentine a imposé au XVe siècle : chaque individu est un découvreur en puissance. La république, à l’image des Etats-Unis, dont les principes ne survivent aujourd’hui que dans leur Constitution, est basée sur ce principe. Nous n’avons plus un seul souverain, mais une multitude : le peuple devient souverain ! Grâce à cette culture, nous avons pu développer de nouvelles méthodes pour créer de l’énergie, des machines, des médicaments et des moyens pour explorer l’espace. 

La Roumanie n’a pas manqué de participer à cette aventure. Malgré les difficultés pratiques liées à l’Empire, elle semble avoir pour vocation de tenter l’impossible : voler et aller dans l’espace. Au tout début du XXe siècle, les Roumains furent ainsi des pionniers de l’aviation avec Traian Vuia, le premier à avoir fait voler un avion à moteur à Montesson, ou Henri Coanda, le père de l’avion à réaction et du train aérodynamique, ou encore Aurel Vlaicu, autre constructeur de génie. Hermann Oberth, le pionnier de l’exploration spatiale, a mené une bataille infatigable pour imaginer par quels moyens l’homme pourrait faire des voyages en dehors de l’atmosphère terrestre. Mais cette aventure n’est pas une aventure nationale ; elle est le fruit d’une bataille partagée avec la France et l’Allemagne. 

Ce type de pensée pionnière est constamment sous l’attaque de l’oligarchie. L’intérêt d’un oligarque est d’empêcher le changement et de garder ses possessions, aussi bien des richesses matérielles que des esprits. Pour lui, la meilleure chose est que l’ensemble de la population soit aussi peu développée que possible. C’est pourquoi il s’efforce d’empêcher que se propagent dans le peuple la culture et l’amour pour la science. Un bon oligarque adore les paysans qui travaillent la terre avec un cheval. Il trouve ça charmant. Il pense que l’homme doit vivre en harmonie avec la nature, se contenter d’assurer ses besoins corporels sans jamais penser à aller au-delà.

C’est pour cela que si nous retrouvons aujourd’hui l’ambition des pionniers de l’espace, on fera vraiment mal au prince Charles. La couronne britannique est actuellement pleinement mobilisée pour briser les efforts en ce sens, non seulement en Europe, mais aussi en Russie et en Chine. Elle comprend que si nous arrivons à imposer une culture de l’espace et de la découverte, cela brisera nos chaînes mentales et donnera le coup de grâce à l’oligarchie. 

Choisir de rester dans une culture oligarchique écologiste et traditionnaliste et accepter la domination des monarques, cela compromettra non seulement le futur de la Roumanie, mais aussi celui de toute l’humanité, car notre planète n’est pas éternelle et la perspective du vol spatial disparaîtra, et avec elle, la possibilité de partir ailleurs.

C’est pour cela qu’il faut affirmer haut et fort : la Roumanie a un futur, celui de l’exploration spatiale et du Pont terrestre eurasiatique défendu par Jacques Cheminade et Helga Zepp-LaRouche. Nous refusons d’accueillir les produits nuisibles de ce fossé à vampires qu’est la maison de Windsor ! Braquons les projecteurs de la vérité sur toutes les bestioles corrompues de Londres !